Potosi, à plus de 4000m d'altitude, avec son climat très rude, est située au pied du Cerro rico (la «montagne riche»). Cette montagne, sacrée pour les indiens, était un immense gisement de tous les minéraux : cuivre, plomb, étain, mais aussi argent et or pratiquement purs! Les conquistadors, à leur arrivée, ont vite commencé l'exploitation de ces minéraux, réduisant en esclavage les indiens pour les faire travailler dans les mines, les plus extraordinaires gisement jamais découverts. Lorsque l'on utilise l'expression «Mais c'est le Pérou!», on fait en fait référence à Potosi (qui appartenait autrefois au Haut-Perou) et ses fabuleuses richesses. C'est ici, dans la Casa de la moneda, que furent frappées les monnaies d'argent, et d'or, qui enrichirent le royaume d'Espagne et toute l'Europe.




Le centre ville, aujourd'hui classé patrimoine de l'humanité, regorge de riches bâtiments coloniaux qui rappellent cette histoire.



Mais il existe également une autre réalité : celle des milliers d'amérindiens dont on a sacrifie la vie pour s'offrir ces richesses inouïes...On a même amené d'Afrique des milliers d'esclaves, qui sont presque tous morts rapidement étant donné la grande difficulté pour eux à travailler dans un froid pareil et en grande altitude. Aujourd'hui encore, les mines sont exploitées par plus de 10 000 personnes, regroupés en coopérative, alors que les meilleurs gisement sont épuisés depuis longtemps. Si les mines sont gérées par une coopérative, rien n'est égalitaire ici, car chaque galerie appartient à un homme qui peut employer des travailleurs au prix ou il veut, et lui seul cotise pour avoir un minimum de couverture maladie et vieillesse. Chaque mineurs doit acheter son propre matériel pour pouvoir aller travailler (lampe, dynamite, barre a mine, etc.), mais il se procure généralement aussi de grandes quantités d'alcool et de feuilles de coca pour supporter le travail sans manger ni sortir à l'air libre. Les plus jeunes (parfois 14 ans!) gagnent moins que les autres et travaillent tout au fond des mines, leur espérance de vie est très courte. Les conditions de travail sont très difficiles, dans des températures extrêmes, et les atteintes aux poumons sont mortelles.


La nouvelle constitution proposée par Evo Morales et votée par les Boliviens prévoit pourtant de distribuer des retraites pour tous (des sommes minimes mais néanmoins contestées par les plus riches) et a rendu l'école obligatoire pour tous jusqu'à 17 ans, afin que chacun puisse passer le bachilerato, mais ce n'est pas encore le cas dans tout le pays! Les salaires sont toujours plus bas car les gisements diminuent et que les pays développés achètent leurs matières premières toujours moins cher aux pays plus pauvres... De plus, la montagne, déjà plus creuse que du gruyère, d'ici quelques années, n'aura plus rien à offrir aux mineurs, et les perspectives d'avenir sont rares, hormis celle d'apprendre l'anglais afin de pouvoir faire visiter les mines à des touristes, mais au lieu des études, le travail est privilégié, même si tous ici savent qu'ils seront sans emploi dans quelques années. Ici, on soupire parfois avec tristesse que la découverte des gisement de Potosi serait à l'origine du capitalisme...